Elle a une passion.
Une passion que j'ai depuis mon plus jeune âge. J'avais 4 ans quand j'ai enfilé mon premier tutu et mis mes premières ballerines. J'étais timide, un peu gauche, pas très attentive, mais déjà passionnée. Je me donnais à fond dans ce que je faisais, et je lorgnais sur les plus grandes. Je les regardais, admirative. Ma prof était toujours mon modèle, ma grande soeur, celle que j'adulais, admirais, portais aux nues. A chaque nouvelle prof de danse, c'était une déchirure pour moi, je pleurais, je ne voulais plus danser, je ne voulais pas voir la nouvelle prof. Et puis, je m'y faisais, car la passion était si grande, que finalement ... et puis, chaque prof avait son petit truc, son énergie, son grain de folie, son art ... et au final, j'étais à chaque fois comblée. J'ai fait mes premiers pas de danseuse en herbe sur la musique de Jordy, Dur dur d'être un bébé. J'avais moi aussi 4 ans, lui chantait, moi je dansais, je l'aimais secrètement. J'ai fait mes derniers pas sur scène en tant que danseuse dite "avancé" à 18 ans, sur la BO de James Bond, et ce soir là, ce fut un feu d'artifice dans mon corps, dans ma tête et surtout dans mon coeur de danseuse. C'était le premier spectacle où j'étais à la fois danseuse et chorégraphe. Car depuis 1 an, j'étais devenue très proche de ma nouvelle prof de danse, celle qui m'avait redonné goût à cet art, après avoir souffert pendant 3 ans avec une prof qui m'avait détruite moralement et physiquement. Nous avons monté ensemble ce projet, ce spectacle. Le premier pour elle comme pour moi en tant que prof. Nous étions plus fortes à deux. J'ai passé des heures à penser à des pas de danse, des mises en scène et des costumes. Et le jour J, alors que nous étions à la fois sur scène et dans les coulisses, que des dizaines d'apprenties danseuses stressées nous demandaient ce qu'il y avait déjà après tel ou tel pas, en combien de fois 8 elles devaient faire tel mouvement, et après quel tableau elles passaient sur scène, il s'est passé une chose magnifique : nous ne formions qu'une. Elle est devenue MA soeur de coeur, celle pour qui je voulais me donner à fond pour qu'elle soit fière de moi, celle qui me protègera, même malgré moi, même si certaines fois, je n'étais pas de son avis. Une fois le rideau baissé, les larmes ont coulé, et c'est toutes les 2, dans notre loge, que nous avons fêté notre victoire. C'était la dernière fois que j'étais son élève. Désormais, je n'allais plus être qu'une "ancienne", venant faire un coucou au cours du vendredi soir, prenant 2 ou 3 cours par mois, contre 5 cours par semaine les années passées. Je n'ai jamais voulu retrouver un autre cours de danse, car je n'ai jamais été prête à avoir une autre prof de danse. 2 ans plus tard, en 2008, je me suis à nouveau retrouvée dans le rôle de son assistante. Cette fois, je ne dansais plus, j'étais uniquement dans les coulisses, à placer les danseuses sur scène pour les répétitions, à leur faire refaire pour la 15ème fois de suite leur chorégraphie, jusqu'à ce qu'elles l'interprètent au plus juste, à parler lumière et son avec les techniciens ... Nous avons mis au monde notre deuxième bébé un soir de juin, à guichet fermé [ 900 places !!! ] avec 70 danseuses sur scène, de tous âges et de tous niveaux. Et c'est avec beaucoup d'émotion que nous avons présenté ce petit bout de nous à tous ces spectateurs, famille, amis, amoureux de la danse, avec la peur au ventre, peut-être plus que les danseuses elles-même. Il me tarde l'année prochaine, car juin 2010 sera l'année d'un nouveau spectacle, et cette fois, je veux revenir sur le devant de la scène, je veux un solo, je veux un duo avec Elle, je veux un trio avec elle & ma Po., je veux danser avec les avancés, je veux faire répéter les plus jeunes et leur donner cette passion que j'ai de la danse.
Et en septembre 2009, j'ai décidé de rechercher un cours de danse. Je suis enfin prête à tourner une certaine page, à accepter d'avoir une nouvelle prof, d'entrer dans une école de danse qui ne me connaîtra pas depuis 11 ans, recommencer à zéro mais toujours avec ma Po. qui sera sur Lyon.