Elle n'en peut plus.
Voilà, j'ai craqué. Tout à l'heure, quand je me suis aperçue que je parlais à mon bol rempli de céréales périmées, j'ai compris que j'étais au plus mal. Qu'il fallait que je me casse, que je parte me réfugier auprès de personnes que j'aime et qui m'aiment. Etre entourée des bonnes personnes. Etre un peu égoïste et penser à mon bonheur avant tout. Mais surtout à mon bien être, car ma santé refout le camp à nouveau. Mal de gorge, perte de l'appétit. Je ne veux pas que ça recommence. Il me manque, c'est une évidence. Je ne voulais pas me laisser bouffer par son absence, je voulais me montrer que j'étais forte, je voulais lui montrer que je pouvais me passer de lui, être heureuse sans lui, mais ce serait mentir. Certes, j'ai une vie en dehors de lui, je vivais avant lui, c'est juste que depuis qu'il est entré dans ma vie, elle a changé et je n'ai pas envie de revenir à ma vie d'avant. Je veux qu'il soit dans ma vie. Il est mon chéri, il est mon ami, il est celui à qui je me confie, il est celui qui me fait rire. Et en partant, c'est tout ça qui est parti dans ma vie. Et c'est dur de se contenter d'un seul coup de fil par jour. Quand j'entends sa voix, je revis. J'essaye de me montrer détachée, bien, mais ce n'est pas le cas. Ce soir, je lui ai dis, parce qu'il reste celui à qui j'ai besoin de me confier. Quand il a raccroché, je n'ai eu qu'une envie : fondre en larmes, dans le noir, et rester comme ça jusqu'à ce qu'il revienne. Je sais que c'est nul, je sais que c'est pathétique. Mais c'est comme ça. Je suis dans cette phase actuellement, et c'est ainsi. Et j'emmerde ceux qui critiquent mon attitude. Si j'ai envie d'être triste, je suis triste, si j'ai envie de rire, je ris. Et là, je suis triste. Et parce que dans la vie, quand quelque chose va bien, tout le reste va bien, l'inverse se produit, et là, une chose va mal, et tout va mal. Je suis à J-1 de mes partiels. Je n'ai pas les cours. Je ne suis jamais allée aux cours des matières que je passe lundi. Je ne sais même pas de quoi ça parle. Alors je fais comment ? Et surtout, comment je fais pour expliquer à mon entourage que NON je n'y arriverais pas, que je suis pas magicienne, que si j'ai pas connaissance du contenu du cours, je n'aurai pas la moyenne. J'ai l'impression de parler à des cons qui ne comprennent rien. A quoi ça sert de me mentir, en m'endormant avec des phrases à la con et toutes faites : " mais si tu vas réussir " , " les bonnes surprises ça peut arriver ", "tu peux le faire" ... Merde, merde, et merde ! Je supporte déjà suffisamment mal l'échec, alors au lieu de me bercer de belles paroles, autant m'aider à accepter que j'ai merdé, et que j'ai foiré. Il y a une chose positive dans tout ça, c'est mon frère. Il me surprend énormément. C'est lui, mon petit frère, qui a tenté de me raisonner, et dont les paroles m'ont le plus fait d'effet. C'est lui qui m'a ouvert les yeux, qui m'a motivée. Maintenant, il faut que j'arrive à suivre ses sages conseils, mais pour ça, il faut que je puise au plus profond de moi, dans le peu de volonté qu'il me reste. Je dois me faire violence. Et sans lui, c'est dur. Je me sens atrocement seule. En fait, c'est pas un sentiment, c'est juste la vérité. Je n'ai vu personne depuis son départ. Les personnes qui se soucient le plus de si je tiens le coup sont loin. Ma mère m'a dit que la nuit portait conseil. Alors demain, en me réveillant, je me dis que je prendrais ma décision : partir, ou rester. Je dois faire le point, voir ce qui est le plus important pour moi : être heureuse mais perdre un an dans mes études, ou être mal et malade mais tenter de sauver cette année. Comme m'a dit mon frère " c'est un mois de ta vie qui peut te sauver une année ". Il a raison. Il a foutrement raison. C'est lui le petit frère qui raisonne la grande soeur. C'est vraiment le signe que je suis arrivée en bout de course. Je suis out. GAME OVER.