Elle a passé une journée au C.I.D.A.G
Mercredi, j'effectuais ma première journée dans un autre service que le C.S.A.P.A ... J'étais donc au C.I.D.A.G-VIH, hépato-entéro-gastro. L'assistante sociale qui m'accueille a pour habitude de ne pas prendre de rendez-vous, ou très rarement, et reçoit donc les personnes qui se présentent dans la salle d'attente. Certains viennent d'apprendre un dépistage positif, d'autres ont un cancer, d'autres sont en attente de greffe ... Et bien souvent, ils sont dans une situation de grande précarité. Et parfois, ils nous arrivent à nous, travailleurs sociaux, d'être aussi dans une situation de précarité face aux non-solutions qui "s'offrent" à nous ...
- Que dire a une femme, malade d'un cancer, mise à la porte par sa famille, qu'à part appeler le 115 tous les jours, qui la laissent passer la nuit sur une chaise et qui ne dort plus depuis une semaine, il n'y a rien de plus à faire tant que les associations pour le logement ne nous donnent pas de réponse positive pour un hébergement ?
- Comment réagir face à un homme de 40 ans, qui jusque là avait une vie tout à fait "normale" mais qui depuis plusieurs semaines est en pleine perdition suite à la découverte de sa séroposivité, et qui est sur le point de s'effondrer dans votre bureau ?
- Quelle attitude adopter quand une jeune fille de 18 ans se tord de douleurs dans votre bureau car sa maladie la fait souffrir et que le bureau des entrées refuse de lui donner des étiquettes pour ses médicaments qui coûtent 700€ car elle n'a pas encore la CMU-C ?
- Comment motiver un homme, souffrant d'une hépatite C, et qui a décidé de se laisser mourir quand nous, nous essayons de lui parler de projet de vie ?
Heureusement, il y a eu quelques patients qui sont arrivés avec le sourire, parce qu'ils voient enfin le bout du tunnel, parce qu'ils sont sur la bonne voie, parce qu'ils ont déjà fait un long chemin ...
- Quel plaisir de parler avec un patient qui est acteur de sa vie et fait tout pour s'en sortir, et me confie, quand l'ASS part faire une photocopie, qu'elle lui a sauvé la vie et qu'elle est la personne la plus digne de confiance qu'il connaissance.
- Quelle surprise de voir un patient, à la fin de l'entretien, après qu'on lui ait annoncé plusieurs bonnes nouvelles, offrir une boîte de gâteaux et se sauver en courant du bureau car il sait bien que l'ASS n'accepterait pas un cadeau d'un patient. Et le voir rire ...
Il n'y a pas à dire, quand on rentre d'une telle journée, on se dit qu'on a bien la chance d'être en bonne santé, avec un toit sur la tête, et des personnes à aimer ... Et on est pressé d'y retourner le vendredi !
