Elle va être assistante sociale.
L'ordre revient peu à peu dans ma tête. Beaucoup de discussions. Avec Lui* déjà. J'aime me confier à lui, lui parler de mes peurs, de mes doutes. Avec ma grand-mère, qui a beaucoup de sagesse. J'ai d'ailleurs beaucoup appris d'elle, comme par exemple, qu'à l'âge de 18 ans, elle avait voulu être assistante sociale, mais que la maladie de son père l'a forcée à travailler pour s'occuper de son petit frère. Et puis avec ma mère, malgré de nombreux conflits, elle finit toujours par m'écouter et me faire confiance. Il ne me reste plus qu'à affronter le pire : mon père. Lui faire admettre que je me suis trompée d'orientation, que je ne suis pas heureuse, pas épanouie. Mais que je me suis retrouvée, que maintenant je sais ce que je veux et ne veux pas, que j'ai un véritable projet que je vais mener à terme. C'est lui mon ultime jury, ceux que je vais affronter en avril l'année prochaine ne sont rien comparés à mon père. Si j'arrive à le convaincre de me laisser vivre mon rêve, alors j'aurai tout gagné. Je vais donc suivre cette prépa' par correspondance, qui coûte dix fois plus cher que ce que j'ai sur mon compte, mais qui me donnera toutes les chances d'avoir ce putain de concours et d'entrer en école. Reste quelques autres dilemmes, comme celui de la fac : continuer ou arrêter ? D'un côté, continuer pour asser mes arrières en matière scolaire, ne pas perdre le pied à l'estrier, et peut-être obtenir un niveau bac +3, si je ne redouble pas à la fin de l'année. Ou alors arrêter, pour travailler et gagner de l'argent car mes études vont me coûter cher, et surtout me consacrer uniquement à ma préparation au concours. A nouveau je me retrouve dans une position où je n'ose pas prendre de décision. Je n'ose pas quitter mon confort de statut d'étudiant. Et puis, il y a mon plus gros dilemme du moment : le rejoindre, oui, mais quand ? Et comment faire ? Des milliers de questions se bousculent, j'en ai marre de cette raison qui essaye de prendre le dessus, je veux pour une fois, suivre mon coeur, oser, et me dire que "qui ne tente rien n'a rien !"
Ce soir, pour la première fois depuis longtemps, je me sens bien. Je me sens motivée, excitée, déterminée, impatiente et surtout très amoureuse de mon coeur qui me manque et que j'ai hâte de retrouver !