Elle va à l'école tous les jours.
C’est marrant, depuis que je suis en stage voilà 2 semaines, je retombe en enfance. Etant donné que ce 3ème et dernier stage se passe dans les services médico-sociaux des écoles de l’arrondissement où je suis affectée, je retourne tous les jours à l’école. Mais cette fois, je suis de l’autre côté de la barrière. Je n’ai plus mon cartable sur le dos, je ne joue plus à la marelle dans la cour de récré et je ne fais plus mes lignes de copie dans mon cahier du jour ! Non, maintenant, je suis du côté des grands, des adultes. Le midi, je mange dans la salle des maîtres et je participe ainsi à tous les petits secrets de l’école, que l’on guette lorsque l’on est gosse. On parle des programmes, des sorties scolaires à prévoir, des activités, de la cantine, de la garderie, de l’étude, des cours de natation. Certains instits me rappellent ceux de ma scolarité, investis, patients, respectueux. D’autres au contraire me rappellent à quel point certains instits ont du faire ce métier que pour les vacances, parlant des enfants comme s’ils parlaient de merdes et s’indignant qu’il y ait encore une réunion pour parler de tel ou tel enfant en difficulté. Enfin, à ceux là, je ne leur adresse même pas la parole. Le midi, je peux aussi ouvrir les magazines que l’école reçoit en abonnement, les feuilleter, me rappeler que moi aussi, tous les jours, je recevais « Mon Quotidien ». J’écris sur le tableau, à la craie, que tel ou tel jour je serai dans telle ou telle école, joignable à tel ou tel numéro. Je fais des photocopies, je me promène dans les couloirs pendant les heures de classe, je viens chercher des enfants en classe. Et puis, pendant les récrés, je me bouche les oreilles tant ils crient. Je regarde les enfants se ranger 2 par 2 devant le maître ou la maîtresse.
Il n’y a pas à dire, j’aime travailler au quotidien auprès de ces petites têtes blondes. Et je m’émerveille encore plus quand je vois les enfants nouvellement arrivés en France, les ENAF comme on les appelle dans le jargon pro, se fondre dans le moule et rattraper leurs camarades dans l’apprentissage ! Je suis soulagée aussi de voir qu’il existe encore de la solidarité entre élèves, quand je vois des camarades de classe aider l’un des leurs, en situation de handicap, en l’aidant à porter son cartable, ou en lui appelant l’ascenseur. Je me dis alors que tout n’est pas perdu, que l’école a encore des valeurs et que si on fait bien les choses, les futurs acteurs de demain ne feront pas n’importe quoi …